L’histoire du lin
36 000 ans av.J-C
En septembre 2009, des archéologues découvrent dans une grotte de Géorgie, dans le Caucase, de minuscules fibres de lin datées de 36 000 ans avant J-C. Ces fibres portent des traces de torsions et de pigments et seraient, à ce jour, les tous premiers textiles connus, développés par l’homme.
3 000 ans av. J-C
Elément majeur de l’économie pharaonique, le lin est le textile emblématique de la haute antiquité égyptienne. Un tissu naturellement thermorégulateur qui soulignait, par sa transparence, l’esthétique des corps ! Un lin symbolique, d’un blanc pur, et d’une résistance déjà remarquée : l’ultime vêtement de l’éternité pour « accompagner » l’immortalité de l’âme.
XII-VIIIe siècle av.J-C
Les Phéniciens, grands navigateurs, ils ont été les premiers exportateurs internationaux de lin, l’achetaient en Egypte et l’ont introduit en Grèce, à Rome, en Bretagne, en Angleterre, en Irlande, en Espagne … Dès 1 700 av. J-C, des canaux creusés du Nil à la Mer Rouge permettaient aux bateaux de Tyr de transporter le lin, teillé ou tissé, vers l’Inde et de là, vers la Chine.
50 av.J-C
Lors de la conquête des Gaules, Jules César fut impressionné par la qualité des textiles produits dans les plaines des Flandres (région historiquement répartie entre la Belgique et la France), par une population qu’il désigne sous le nom de Belgae ! En lange celte, le nom de cette nation était tout simplement Bel’ch : lin. Quant aux prêtres gaulois - les druides- vêtus de lin étaient désignés sous le nom de Belhec.
VIIIème siècle
En 789, Charlemagne donne la 1ère impulsion à l’artisanat du lin en ajoutant une loi dans ses Capitulaires (premier livre de loi rédigé sous forme de chapitres), ordonna que le lin soit filé à la cour et que chaque ménage de France se procure l’outillage nécessaire pour le travailler.
XIème siècle
En 1066, Guillaume le Conquérant (1027-1087), duc de Normandie, s’empare de la couronne d’Angleterre. Sa femme, la Reine Mathilde, brode cette épopée sur la célèbre Tapisserie de Bayeux : une tapisserie en lin de 70 mètres de long, véritable « bande dessinées » qui nous renseigne sur les conditions de vie de l’époque.
XIIème siècle
C’est au début du XIIIème siècle, qu’un tisserand appelé Baptise, originaire d’un village près de Cambrai, met au point un procédé de tissage d’une extrême finesse. Le succès de ces toiles dépassa les frontières, s’exportant vers les Flandres, les Pays-Bas, l’Italie, l’Espagne, L’Angleterre. Ce tissage, la batiste, devient la « Toile des rois » à travers le linge de table, le linge corps, les mouchoirs …
XVIIème siècle
Avec Louis XIV, la mode est aux découpes des vêtements : des ouvertures qui laissent apparaître le chemise finement brodée qui se porte sous des vestes ou des bustiers. Le linge corps, de jour ou de nuit, apparait, montrant ses dentelles et ses finitions délicates. Le mot lingerie vient de cette chemise, portée à même le corps, faite de lin délicat. La révocation de l’Edit de Nantes (1685) provoque l’immigration de 6 000 tisseurs et dentelliers protestants qui fuient vers les Pays-Bas, la Suisse, l’Allemagne, l’Angleterre ou l’Irlande.
XVIIIème siècle
Ce fut à cette période, sous Louis XVI (1754-1793) qu’apparut la Crinoline : structure en lin et crin de cheval, maintenue sur des « paniers », qui permettaient de supporter et de donner une ampleur exagérée à la jupe.
A cette époque toutes les chaines de tissus sont faites en lin, velours compris, pour renforcer leur solidité. C’est ce qui a permis de conserver, jusqu’à nos jours, et en très bon état, des vêtements, du mobilier, des parures de tables, des trousseaux de linge.
À la fin du XVIII° siècle, le tissage dit « broché » s’effectuait encore à la main. Un tisserand français, né à Lyon, Joseph-Marie Jacquard, rechercha des 1790, un mécanisme susceptible de soulever les fils automatiquement. Il construisit une première machine « le métier à tisser Jacquard » en 1801, qu’il perfectionna et acheva en 1806.
Il devient ainsi possible à un seul ouvrier de manipuler ce métier à tisser qui marque les prémices de la révolution industrielle.
XIXème siècle
Napoléon 1er, dans le but de stimuler l’industrie textile française, décide d’offrir une récompense d’un million de francs or à l’inventeur d’une machine à filer le lin. Le décret est publié dans les colonnes du « Moniteur »
Le 12 mars 1810. Philippe de Girard (1775 – 1845) en prend connaissance et trouve la solution en 2 mois seulement. Il dépose son brevet le 12 juin 1810. Sûr d’avoir gagné la récompense, il emprunte et investit en 1811, dans la construction de deux filatures à Paris. Malheureusement, la chute de l’empire et le changement de régime le conduisent en prison pour dettes.
XXème siècle
L’huile de lin, extraite des graines, utilisée dans la peinture, a donné son nom au Linoléum, inventé en 1860 par l’anglais Frederick Walton (1834-1928). Le mot est formé de deux mots latins qui désignent ses composants principaux : l’huile « oléum » de lin « linum ».
Le linoléum est le résultat final de longues recherches entreprises dans le but d’obtenir un revêtement de sol, répondant à la fois aux exigences de l’hygiène, du confort et de l’esthétique.
Si 90% du lin européen est toujours destiné au marché textile (60% à l’habillement, 15% au linge de maison, 15% à l’ameublement et à l’art de vivre) 10% sont désormais dédié aux débouchés techniques : l’éco-construction, l’isolation, l’industrie de l’automobile, les équipements de sport, la chirurgie et la santé, le nautisme, la papeterie…
Le tissu technique de lin dans le domaine de l’industrie, associé à des résines, est à l’origine de produits composites « haute performance » : encadrements de fenêtre (résistance et isolation), équipements de sports, casque de VTT, raquette de tennis (absorption des vibrations), automobile, avec rétroviseurs et renforts de portes (légèreté et rigidité), éco construction avec panneaux agglomérés, laines d’isolation, sous couches sous parquets, écran de sous toitures … pour ses propriétés acoustiques et thermiques.